D’après les dernières recherches, les langues nationales camerounaises sont au nombre de 285 dont 22 mortes, 263 vivantes (Bidjaa Kody, 2003). Ce qui fait du Cameroun le deuxième pays ayant le plus grand nombre de langues en Afrique après le Nigéria (410). Une telle situation a davantage motivé les linguistes-chercheurs dans le domaine des langues, précisément africaines, à s’impliquer avec l’appui du gouvernement, à leur standardisation partielle sinon complète afin d’éviter leur extinction. À cet effet, d’éminents travaux ont vu le jour, et aujourd’hui force est de constaté que plus de 40% de ces langues ont été standardisées.
Outre cet aspect purement linguistique, il fallait aussi répondre à ces attaques fréquentes des langues coloniales sur la fiabilité de l’usage des langues nationales à l’école. En effet, l’officialisation du français et de l’anglais comme médium d’enseignement dans respectivement les zones francophones et anglophones, a plus que jamais renforcé le dégoût de l’usage de nos langues maternelles par les jeunes, inculquant en eux le sentiment d’appartenance à une culture et à un mode de vie qui ne sont pas les leur ou du moins qui empiète sur leur réalité socio-culturelle. C’est de là que naît une crise implicite de la valeur de l’éducation au Cameroun et son retard au développement. Il fallait donc faire quelque chose et c’est dans cette optique que naît le PROPELCA (Programme de recherche opérationnelle pour l’enseignement des langues au Cameroun), fruit d’éminents chercheurs de l’Université de Yaoundé 1 conduit par le Professeur, de regretté mémoire, Maurice Tadadjeu. Leur objectif était de concevoir des modèles d’enseignement des langues nationales camerounaises adaptés au primaire et au secondaire d’abord et ensuite à la maternelle généralisable sur le continent africain. Quatre modèles voient le jour, chacun traitant d’une spécificité d’enseignement impliquant à la fois les langues maternelles et les langues officielles. Ceci avait pour but de rendre l’élève, en fin de cycle du secondaire, capable de parler, d’écrire sa langue maternelle et en même temps de connaître sa culture et la vision du monde qu’englobent les cultures périphériques ; avec pour finalité de construire un camerounais intégré dans sa langue et culture, et ouvert au monde (ASSOUMOU, 2010).
Plusieurs autres solutions ont vu le jour, parmi lesquelles le Quadrilinguilisme (TABI MANGA, 1999) une théorie beaucoup plus conceptuelle. La méthode d’enseignement orale (ASSOUMOU, 2008) perçue comme une réponse à l’échec des théories dites « écrites » (Multilinguisme, Quadrilinguisme). Bref, ces différentes solutions pour l’enseignement effectif des langues nationales camerounaises à l’école se sont avérées pas totalement inefficaces mais moins complètes pour une généralisation. Tant bien qu’elles peuvent s’appliquer à un contexte, elles s’opposent à un autre. Nous voulons parler des sociétés monolingues et plurilingues (MESSINA, 2013). C’est cette problématique qui rend complexe cette entreprise pourtant capitale pour l’avenir de tout jeune camerounais.
A suivre…